Le garçon s’avère très joueur. Grand sourire aux lèvres, il s’amuse de n’avoir pas le droit de répondre aux questions de la presse au sujet de son personnage Silva, LE méchant de Skyfall. Un vrai gamin. Mais un faux blond.

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Quel genre de méchant est Silva ?

Javier Bardem : On a essayé de créer un mélange de plusieurs choses, de lui donner une certaine complexité qui fait avancer l’histoire, qui en fait un méchant bondien classique mais le côté physique en plus. Bref, je ne peux pas vous répondre (rires).

Qu’entendez-vous par « classique » ?

Silva est un hommage aux méchants des premiers Bond. Le méchant bondien est un genre en lui-même. Ce n’est pas juste une idée, il a différentes couleurs et textures.

Que pensez-vous apporter à ce méchant bondien ?

Le scénario apporte déjà beaucoup. C’est une histoire très forte et très complexe. C’est tout ce que vous pouvez attendre d’un Bond et plus encore. Silva est à la fois complexe et fun à jouer. Bond a toujours oscillé entre fiction et réalité et c’est un bon terrain de jeu pour mon personnage et pour un acteur. C’est un vrai défi de se fondre dans l’univers d’un Bond et d’y respecter ses codes tout en y apportant ses éléments propres.

Avez-vous cherché un peu d’inspiration dans les anciens Bond ?

Surtout pas. Je ne voulais pas avoir à fuir ce que j’avais retenu de ces méchants ou au contraire essayer de leur ressembler.

En tant que méchant bondien, avez-vous un signe distinctif ?

Voici une question directe (rires). A laquelle je n’ai pas le droit de répondre.

Est-ce pour cela que vous êtes blond ?

La couleur de mes cheveux a en effet un sens lié à ce que représente mon personnage dans le film, à son histoire.

Quelles réactions avez-vous eu en dehors des plateaux avec cette coupe ?

Ma famille sait ce que je fais pour vivre alors… (Rires) Ils ont fait : « Ok. Ca recommence. » Ils ont vécu la coupe de cheveux de No country for old men et elle était pire que celle-ci car j’avais beau me peigner, la coupe restait la même. Un jour, je suis allé acheter du lait dans un supermarché à Mexico, j’ai eu quelques regards… Il faut savoir assumer ses choix (rires).

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Rêviez-vous de tourner dans un Bond ?

Non, c’est quand on m’a proposé le rôle que j’ai commencé à rêver. Tous ces souvenirs de ces films et de ces personnages… James Bond est important pour moi parce qu’en grandissant ces films m’ont amusé ou m’ont fait peur. Mais j’ai accepté Skyfall parce que le projet était intéressant pas parce que je voulais apparaître dans un Bond. Je veux jouer dans les bons films ou dans ce que je considère comme étant de bons films et dans ce cas précis, il s’avère que c’est un Bond.

Silva a-t-il avec Bond une relation comme Moriarty peut avoir avec Sherlock Holmes ?

(Il sourit et prend son temps avant de répondre) La relation entre Bond et Silva est très… (Pause) Et vous pouvez écrire : « Et il rit. Ha, ha, ha ! » (Et il rit. Ha, ha, ha !) Je ne peux pas vous répondre (rires).

Comment expliquez-vous le fait que vous soyez si effrayant en méchant ?

Je ne sais pas (il éclate de rire). Mais je travaille depuis 1988 et en 24 ans de carrière, je n’ai incarné que trois méchants : dans Perdita Durango, No country for old men et Skyfall. Mais No country for old men a eu un tel écho chez les gens, ce à quoi je ne m’attendais vraiment pas. Vous ne savez jamais si ce que vous faites va marcher ou non, mais vous jouez le jeu et vous donnez le meilleur de vous-même. Quand j’ai vu No country for old men, j’ai trouvé le film excellent parce que j’adore et j’admire les frères Coen, mais je ne me suis pas vu comme spécialement effrayant. Ce n’est pas toujours ce que vous faites en tant qu’acteur qui fonctionne mais aussi ce qui vous entoure. Rappelez-vous la scène de la station-service, c’est l’autre acteur qui montre sa peur et qui fait que la scène est bonne. Moi ? Je fais ce que je peux. Ce n’est pas moi qui joue quelqu’un d’effrayant, c’est l’autre qui exprime sa peur de façon étonnante et qui donne le sentiment que je suis dangereux.

Est-ce plus amusant de jouer un méchant qu’un gentil ?

Ce qui importe c’est ce qui est derrière ce méchant ou ce gentil. Je cherche toujours l’humain derrière l’action. C’est toujours plus amusant de jouer un personnage qui a une raison de faire ce qu’il fait. Et Silva a une raison et donc quelque chose avec laquelle je peux travailler. Etre maléfique pour juste être maléfique est juste ennuyeux. Enfin, c’est ma théorie. Des fois ça marche, dès fois, ça ne marche pas. Et des fois, je fais exactement ce que je voudrais éviter (rires).

 Article paru dans Studio Ciné Live – N°42 – Novembre 2012