L’arrivée des 4 Fantastiques dans le giron du MCU marque un tournant symbolique. Il ne s’agit pas seulement de ressusciter une franchise longtemps malmenée, mais de refonder son ADN autour d’interprètes singuliers, intenses et complexes. À l’opposé du casting tape-à-l’œil, Marvel a choisi quatre comédiens à contre-courant des archétypes super-héroïques : Pedro Pascal, Vanessa Kirby, Ebon Moss‑Bachrach et Joseph Quinn. Chacun incarne une forme de mutation du cinéma contemporain, où la fragilité devient une force et où l’intime pénètre le spectaculaire. Découvrez ici leurs trajectoires respectives, entre ascension tardive, exigence de jeu, refus des facilités, engagement discret et reconfiguration de la virilité, du pouvoir ou de l’héroïsme. Ensemble, ils composent une famille dysfonctionnelle confrontée à l’extraordinaire. Les 4 Fantastiques : Premiers pas, un blockbuster à la profondeur narrative et émotionnelle, sort en salles ce 23 juillet.
Pedro Pascal (Reed Richards / Monsieur Fantastic)
La résilience magnétique d’un acteur de caractère
Sa bio
Né au Chili le 2 avril 1975 et exilé aux États-Unis avec sa famille en 1982. Après des études à la Orange County School of the Arts, il rejoint la Tisch School of the Arts de l’Université de New York, dont il sort diplômé en 1997. Au début de sa carrière, il se faisait appeler Pedro Balmaceda (1996-2000) et Alexander Pascal (2001).
Son personnage qui l’a rendu célèbre
Oberyn Martell dans Game of Thrones (saison 4) où il meurt la tête écrabouillée par Ser Gregor Clegane dit la Montagne pendant un duel judiciaire. Ce personnage catalyse une reconnaissance critique tardive mais fulgurante.
Sa singularité
Cet acteur libre, curieux et résolument humain réconcilie force et sensibilité. Ce qui fait la singularité de Pedro Pascal est en effet sa capacité à incarner la fragilité masculine sans perdre en puissance. Son regard mélancolique, sa diction posée, sa capacité à écouter plus qu’à imposer, font de lui une figure presque anti-hollywoodienne. Loin des stéréotypes musculeux, il s’impose comme un nouveau type d’icône virile, vulnérable et douce. Cela le rend d’autant plus intéressant dans Les 4 Fantastiques : Premiers pas, où il campe un Reed Richards cérébral, introverti et imparfait, loin du leader alpha habituel.
Le comédien personnifie également un activisme discret mais profond. Proche de sa petite sœur transgenre, Lux, il milite pour les droits LGBTQ+ et s’implique dans des causes liées à l’immigration. Son engagement est plus éthique qu’exhibitionniste, en écho à sa propre histoire d’exil.
Ses séries
The Good Wife (2009-2010), Lights Out (2011), Red Widow (2013), Graceland (2013-2014), Game of Thrones (2014), Mentalist (2014), Narcos (2015-2018), The Mandalorian (2019-2023), The Last of Us (2023-2025) [MTV Awards du meilleur héros et du meilleur duo avec Bella Ramsey en 2023]
Ses films
Hermanas (2005), I Am That Girl (2008), Sweet Little Lies (2011), Blodsucking Bastards (2015), La Grande Muraille (2016), Kingsman : Le Cercle d’or (2017), Prospect : L’Ambre de la lune verte (2018), Equalizer 2 (2018), Triple frontière (2019), Wonder Woman 1984 (2020), C’est nous les héros (2020), Un talent en or massif (2022), La Bulle (2022), Drive-Away Dolls (2024), Gladiator II (2024), Freaky Tales (2024), The Uninvited (2024), Materialists (2025), Eddington (2025), Les 4 Fantastiques : Premiers pas (2025)
Vanessa Kirby (Sue Storm / La Femme invisible)
Le feu sous la glace
Sa bio
Née à Londres le 18 avril 1987 (ou 1988 selon les sources). Son admission à la London Academy of Music and Dramatic Art (LAMDA) étant rejetée, Vanessa Kirby a pris une année sabbatique pour voyager et travailler dans un hospice pour malades du sida en Afrique du Sud. Elle a ensuite étudié l’anglais à l’université d’Exeter.
Son personnage qui l’a rendue célèbre
La princesse Margaret dans The Crown (saisons 1 et 2). Son interprétation d’une princesse blessée, flamboyante, déchirée entre devoir et désir lui vaut un BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle en 2018 et la propulse à Hollywood.
Sa singularité
Cette comédienne aux performances d’une intensité rare entend incarner des femmes complexes, nuancées, parfois dérangeantes. Ses choix de rôles s’accompagnent d’un engagement structurant. Elle cofonde Aluna Entertainment, société de production féministe, avec l’ambition de créer des récits centrés sur des héroïnes puissantes et fragiles. Dans Les 4 Fantastiques : Premiers pas, elle réinvente Sue Storm en la sortant de son rôle de “mère de l’équipe”.
Vanessa Kirby est aussi une femme en mutation. Actuellement enceinte de son premier enfant, la jeune femme confie que l’exploration de la maternité de Sue l’a aidée à affronter ce nouveau chapitre. Entre rigueur intellectuelle, froideur aristocratique apparente et intensité volcanique intérieure, elle est l’une des actrices les plus fascinantes de sa génération.
Ses séries
The Hour (2011), De grandes espérances (2011), Labyrinth (2012), The Frankenstein Chronicles (2015), The Crown (2016-2017)
Ses films
Love/Loss (2010), Wasteland (2012), Il était temps (2013), Queen and Country (2014), Bone in the Throat (2015), Genius (2016), Identify (2016), Avant toi (2016), Mission : Impossible – Fallout (2018), L’Ombre de Staline (2019), Fast & Furious : Hobbs & Shaw (2019), Pieces of a Woman (2020) [Coupe Volpi de la meilleure actrice au festival du film de Venise en 2020 et nomination à l’Oscar de la meilleure actrice en 2021], The World to Come (2020), Italian Studies (2021), The Son (2022), Mission : Impossible – Dead Reckoning (2023), Napoléon (2023), Eden (2024), Les 4 Fantastiques : Premiers pas (2025)
Ebon Moss‑Bachrach (Ben Grimm / La Chose)
L’anti‑héros par excellence
Sa bio
Né le 19 mars 1977 à Staten Island, New York. Il a obtenu une licence en littérature anglaise à l’université de Columbia en 1999. Il s’était initialement spécialisé en histoire américaine et en études musicales. Au cours de sa première année, il s’est inscrit à un cours de théâtre par curiosité et s’est rapidement pris de passion pour cet art. Il est ensuite devenu apprenti au Williamstown Theatre Festival afin d’acquérir de l’expérience en théâtre. Il a ensuite étudié le théâtre et la technique Meisner au William Esper Studio à New York.
Son personnage qui l’a rendu célèbre
Richie Jerimovich, manager du restaurant agressif au verbe haut et au cœur tendre, dans The Bear, qui lui a valu deux Emmy Awards du meilleur acteur dans un second rôle dans une série comique en 2023 et 2024. Ce rôle concentre tout ce qui fait sa force : une énergie chaotique, une intensité nerveuse, une capacité à être à la fois odieux et bouleversant.
Sa singularité
Longtemps confiné aux seconds rôles discrets, son parcours est révélateur d’un acteur de fond plus que de forme : il préfère la rugosité des personnages à la brillance des projecteurs. Dans Les 4 Fantastiques : Premiers pas, il joue Ben Grimm / La Chose, un rôle qui lui va comme un gant : homme transformé en monstre, bourru en apparence, mais tragique en profondeur. Contrairement à Michael Chiklis qui devait enfiler un costume de 30 kg dans Les Quatre Fantastiques de 2005, Ebon Moss‑Bachrach devient La Chose grâce à la motion capture. À travers sa performance, le comédien capte la douleur existentielle d’un personnage prisonnier d’un corps qu’il n’a pas choisi, tout en lui insufflant une tendresse désarmante. Peu d’acteurs auraient pu incarner cette dualité sans tomber dans la caricature.
Son approche est résolument artisanale. Il parle peu de lui, n’en fait jamais trop. Marié, père de famille, photographe amateur, il reste loin des circuits traditionnels de la notoriété. C’est aussi ce qui le rend si authentique à l’écran.
À l’heure où Hollywood fabrique des super-héros en série, Ebon Moss‑Bachrach propose l’inverse : une humanité accidentée, une beauté cabossée, une émotion brute qui bouleverse autant qu’elle dérange.
Ses séries
John Adams (2008), Damages (2010), Rubicon (2010), The Last Ship (2014-2015), Girls (2014-2017), The Punisher (2017), Interrogation (2020), NOS4A2 (2019-2020), The Drop Out (2022), Star Wars : Andor (2022), The Bear (depuis 2022)
Ses films
Death of a Dynasty (2003), Winter Solstice (2004), Poster Boy (204), The Dying Gaul (2005), Furtif (2005), Road (2005), Champions (2006), Entre deux rives (2006), Mariage express (2006), Une fille à la plage (2007), Evening (2007), Breaking Upwards (2009), The Marc Pease Experience (2009), Lola Versus (2012), Come out and Play (2012), The Volunteer (2013), Gods Behaving Badly (2013), Monsterland – The Grey Matter (2016), The Big Take (2018), Blow the Man Down (2019), Good Posture (2019), Arnaqueurs associés (2019), Sharp Stick (2022), Le Challenge (2023), Hold Your Breath (2024)
Joseph Quinn (Johnny Storm / La Torche humaine)
L’ascension discrète d’un nouveau visage du cinéma de genre
Sa bio
Né le 26 janvier 1994 à Londres. Il a étudié l’art dramatique à la London Academy of Music and Dramatic Art (LAMDA) dont il a obtenu son diplôme en 2015.
Son personnage qui l’a rendu célèbre
Eddie Munson, métalleux au cœur tendre sacrifié sur l’autel de l’héroïsme, dans Stranger Things (saison 4), qui lui a valu le MTV Award de la meilleure révélation en 2023. Ce rôle lui permet de conjuguer deux atouts : une expressivité brute, quasi théâtrale, et une capacité à faire exister une intériorité complexe sous des dehors fantasques.
Sa singularité
Son rôle de Johnny Storm, historiquement traité comme un jeune arrogant flamboyant, trouve ici un nouvel équilibre. Joseph Quinn y injecte un mélange de fougue et de retenue, en modernisant le personnage : moins show-off, plus vulnérable, avec un second degré qui masque des blessures intérieures. C’est là que son jeu, oscillant entre intensité et ironie, prend toute sa dimension.
Mais ce qui rend Joseph Quinn intéressant, c’est son refus de l’exposition médiatique. Peu actif sur les réseaux, discret sur sa vie privée, il affirme vouloir privilégier le travail de l’acteur à la carrière de star. Une posture rare, presque anachronique, dans une industrie avide de contenus et de déclarations.
Avec un sens aigu du rythme dramatique, une présence physique singulière et un regard doux capable d’exprimer une tempête intérieure, Joseph Quinn incarne la relève d’un cinéma de genre plus introspectif, où les héros ne sont plus seulement des symboles, mais des êtres faillibles, humains et attachants.
Ses séries
Dickensian (2015-2016), Retour à Howards End (2017), Les Misérables (2019), Catherine the Great (2019), C.B. Strike (2020), Stranger Things (2022)
Ses films
Overlord (2018), Make-Up (2019), Crasse (2023), A Quiet Place: Day One (2024), Gladiator II (2024), Warfare (2025), Les 4 Fantastiques : Premiers pas (2025)
Crédit photos : © The Walt Disney Company
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