Dans Smoke, une détective et un enquêteur spécialisé dans les incendies criminels traquent deux pyromanes en série. Ici, il n’y a pas de fumée sans feu. Le showrunner de la série, l’auteur et scénariste Dennis Lehane, a tenu à ce que les scènes d’incendie soient filmées de la manière la plus réaliste possible. Avec tous les dangers que cela comporte. Voici comment l’équipe des effets spéciaux a procédé. La série Smoke en neuf épisodes est disponible sur Apple TV+ à partir de ce 27 juin.

Taron Egerton incarne un ancien pompier dans Smoke

Taron Egerton

L’histoire

Smoke suit l’inspectrice Michelle Calderone (Jurnee Smollett), une jeune policière récemment transférée à la brigade des incendies criminels dans la ville fictive d’Umberland, située dans le nord-ouest des États-Unis. Elle rejoint l’enquêteur chevronné Dave Gudsen (Taron Egerton), qui traque depuis quelque temps deux pyromanes insaisissables sévissant dans la région.

Taron Egerton et Jurnee Smollett

Au sein du service, les soupçons grandissent : l’un des incendiaires pourrait être l’un des leurs — un pompier, un inspecteur du feu ou un ancien membre des services d’incendie. En tant qu’enquêteur principal, Dave se retrouve sous une pression intense, d’autant plus qu’il commence à comprendre qu’il pourrait bien poursuivre quelqu’un qu’il connaît : un collègue, voire un ami.

Smoke est inspiré de faits réels. Dans les années 1990, la police a arrêté un pyromane à Los Angeles. Chez lui, elle a trouvé un manuscrit intitulé Points d’origine, décrivant les actes d’un pyromane fictif en Californie du Sud. La question s’est alors posée : était-ce une pure fiction ou une confession déguisée ? 

La maîtrise du feu

La réalité avant tout

« Ma plus grande préoccupation avec cette série, c’était qu’elle ne paraisse pas factice », confie le showruner Dennis Lehane. 

« Égoïstement, en tant qu’acteur, plus on tourne en conditions réelles, plus mon travail est facile, remarque Jurnee Smollett. On peut réagir et répondre à un élément qui se déroule juste devant vous ou autour de vous. Peu importe la qualité de notre technologie aujourd’hui, rien ne vaut le réel. Rien ne vaut la vérité. »

Taron Egerton

Des décors spéciaux

La sécurité était primordiale pour chaque scène comportant du feu. Le département des effets spéciaux a mis tout en œuvre pour garantir que l’équipe de production ait un contrôle total sur les flammes réelles générées sur le plateau, en commençant par la manière dont les décors étaient construits. L’équipe décoration a ainsi installé un plateau de combustion dédié dans les studios de production à Vancouver, au Canada. D’énormes extracteurs pouvaient évacuer plus de 700 m3 de fumée et de chaleur par minute hors du studio.

« Dans Smoke, l’incendiaire en série s’en prend aux supermarchés, donc la première chose dont nous avons parlé, c’était des matériaux que nous allions utiliser », explique le coordinateur des effets spéciaux Mark Blacklock. Son équipe a construit les sols du décor à partir de panneaux de bardage en ciment-fibre, peints pour ressembler à du carrelage de supermarché, et de panneaux de verre dense, un type de cloison sèche en fibre de verre. Tous étaient 100 % résistants au feu. « Utiliser ces matériaux nous a permis de faire brûler les décors pendant de longues périodes sans enflammer la moindre matière », continue le spécialiste.

Des experts de la sécurité

En plus de cette conception méticuleuse, des équipes de sécurité étaient toujours présentes sur le plateau, prêtes à intervenir en cas d’urgence. Le service des incendies de la ville était également positionné à proximité, par mesure de précaution supplémentaire. En témoignage de la rigueur de la préparation, il n’a jamais été nécessaire de faire appel à leurs services.

De son côté, toute l’équipe de production a respecté des mesures strictes de protection et de surveillance définies dans le plan de contrôle de l’exposition, revu lors des réunions de sécurité quotidiennes — des assistants de production aux réalisateurs. Les personnes les plus exposées au feu et à la fumée ont reçu une formation et ont été équipées de masques respiratoires. 

Jurnee Smollett

Une équipe caméra bien préparée

Les opérateurs caméra ont suivi un programme de formation spécial pour travailler en présence de flammes. Dans certaines scènes où la caméra devait s’approcher très près de la source du feu, ils étaient formés, équipés et vêtus d’un équipement complet de pompier, y compris un appareil respiratoire.

La formation et les équipements dont disposait l’équipe caméra ont permis à l’équipe des effets spéciaux d’utiliser des effets de flammes et des braises tombantes beaucoup plus près des caméras que cela n’aurait été possible autrement. Cela a également permis aux réalisateurs de placer la caméra – et donc les téléspectateurs – au cœur même du brasier.

Une fumée et une température contrôlées

La température a également été un facteur crucial dans les scènes utilisant du feu réel. « Nous surveillions la fumée et la température dans le studio et à son sommet, précise Cameron Waldbauer, superviseur des effets spéciaux. Nous avons installé suffisamment d’arroseurs. Nous faisions des prises de 40 secondes. Cela nous permettait de faire monter toutes les flammes pendant ce laps de temps, puis nous ventilions le plateau, faisions baisser les niveaux de fumée et de chaleur, et nous pouvions recommencer. » 

L’équipe de direction artistique a également intégré des climatiseurs aux décors pour compenser la chaleur dégagée par les flammes. Les acteurs étaient ainsi plus à l’aise lors de prises plus longues.

Taron Egerton et Jurnee Smollett

La sécurité aussi en extérieur

Les scènes d’incendie en extérieur ont fait l’objet du même niveau élevé de précautions. L’équipe suivait plusieurs briefings de sécurité par jour. « Avant même d’arriver sur le plateau, nous avions des réunions de sécurité pour planifier précisément comment tourner une séquence, précise le réalisateur et producteur exécutif Joe Chappelle, qui a mis en scène les épisodes 103, 104, 107 et 109. Tout était discuté en amont. Tout le monde connaissait le plan, les sorties de secours et les points de rassemblement. Nous étions extrêmement rigoureux sur ce point. »

La scène d’ouverture de Smoke

La séquence d’ouverture est l’une des scènes d’incendie les plus complexes et exigeantes de Smoke. « Dans cette scène, Dave Gudsen, alors qu’il est encore pompier, progresse à travers une maison appartenant à une personne atteinte du syndrome de Diogène entièrement en flammes, raconte Mark Blacklock. Le feu commence lentement, puis se transforme en un véritable brasier. » 

La scène devait être parfaitement fluide entre la caméra, les effets spéciaux, les effets visuels, la décoration, la construction, la sécurité et les acteurs — y compris Taron Egerton, qui a lui-même tourné dans la scène. « C’était intense à filmer, avoue l’acteur. Le cast et l’équipe de tournage devaient porter des régulateurs respiratoires. Mais je me suis toujours senti en parfaite sécurité. »

Crédit photos : © Apple TV+