Materialists est l’histoire du choix d’une jeune femme entre deux prétendants que tout oppose. C’est aussi un regard lucide sur notre façon d’envisager la personne qui partagera le reste de notre vie. Le film de Celine Song parle d’amour sans détour et prouve que la manière dont on le rencontre reste un mystère. Mais cette quête en vaudra toujours la peine. Materialists sort en salles ce 2 juillet.
L’histoire
Lucy (Dakota Johnson), une jeune et ambitieuse entremetteuse new-yorkaise, se retrouve tiraillée entre Harry (Pedro Pascal), le parti idéal, et John (Chris Evans), son ex sans le sou.
Une expérience vécue
Il y a dix ans, alors que sa carrière de dramaturge était vacillante, Celine Song a travaillé comme entremetteuse dans une agence matrimoniale haut de gamme. Son expérience aussi édifiante que déroutante pendant ce job alimentaire lui a servi, en partie, d’inspiration pour Materialists.
Dans son long métrage, la réalisatrice et scénariste livre son analyse des contradictions entre la définition de l’amour et la manière dont nous envisageons de le rencontrer aujourd’hui. « J’ai l’impression d’en avoir appris davantage sur les gens durant ces six mois qu’à toute autre période de ma vie », confie la cinéaste.
La marchandisation de l’autre
Les desiderata de ses clientes pour leur parfait partenaire allaient du salaire à six chiffres à la taille d’un mètre quatre-vingts en passant par une foule d’autres exigences qui dévoilaient leur caractère ultra matérialiste. « Les éléments du film sont issus des conclusions que j’ai tirées de cette époque, reprend Celine Song. Il existe une objectivisation à la fois extrêmement risible mais aussi très sombre de l’humanité de l’autre, et donc une réelle marchandisation d’autrui, quand on cherche à rencontrer quelqu’un. Alors que c’est censé être une quête d’amour. »
« Leur idée était de décrocher le gros lot, se souvient-elle. Je me comportais comme un courtier sur un marché boursier. Ce n’est pas ainsi qu’on devrait parler de la personne avec qui on va se marier. Pourtant, le champ lexical de ces gens quand ils mentionnaient leur partenaire idéal était celui d’une voiture ou d’une maison qu’ils voulaient acheter. Ils en parlaient exactement de la même manière. J’étais complètement médusée par cette dissonance. »
En amour, les mathématiques ne fonctionnent pas
Pour Lucy également, trouver l’homme idéal se résume à cocher des cases et, surtout, à une valeur nette. Une valeur qu’il faut améliorer sans cesse pour qu’elle soit suffisamment élevée. « Notre conception de l’amour est tellement imprégnée de tout ça qu’il est difficile d’y échapper, poursuit Celine Song. C’est vraiment difficile de réaliser que vous n’êtes pas un bien mais une personne quand le monde entier vous traite comme un bien matériel ».
Quand il s’agit de choisir l’homme qu’elle épousera, Lucy se fie ainsi aux calculs froids de son travail et oublie ses rêves de grand amour. Lorsqu’elle rencontre Harry, elle reconnaît immédiatement sa perle rare. Il est grand, beau, charmant et très, très riche. Tous deux considèrent leur propre valeur comme un investissement pour l’autre.
Lucy n’est cependant pas insensible à John, son ex. Cet acteur au chômage et serveur fauché ne coche aucune de ses cases. Il ne calcule jamais mais il est suffisamment intuitif pour toujours savoir où il en est.
Qui Lucy choisira-t-elle entre Harry et John ?
Crédit photos : © Sony Pictures – A24