Les Bad Guys met en scène un gang de redoutables criminels sur le point de monter la plus grande escroquerie de leur carrière : faire semblant d’être des citoyens modèles. Le français Pierre Perifel réalise un film de braqueurs à la portée d’un public familial tout en mettant en avant la décontraction et l’élégance mais aussi beaucoup d’action, un soupçon de psychanalyse et accessoirement des glaces et des météorites géantes en forme de fesses. Les Bad Guys sort en salles ce 6 avril.

L’histoire

Après des années de crimes en tout genre, les Bad Guys, le gang des malfrats les plus recherchés du monde, se font arrêter. M. Loup, charismatique gentleman cambrioleur, M. Serpent, perceur de coffres-forts blasé, M. Requin, magicien du déguisement au flegme imperturbable, M. Piranha, gros bras soupe au lait et Mlle Tarentule, pirate informatique qui n’a pas sa langue dans sa poche, font face à des décennies en prison. Afin d’éviter l’enfermement, M. Loup conclut un marché : les Bad Guys vont devenir honorables. C’est promis, juré, craché (avec les doigts croisés dans le dos).

Ce n’est pas que pour les enfants

Les Bad Guys est à l’origine une série de livres pour enfants, signés par l’écrivain australien Aaron Blabey. Beaucoup de studios se sont disputé les droits en 2017. L’auteur a pris un avion pour rencontrer tous ceux qui étaient intéressés par l’adaptation de ses récits. Il a accepté l’offre de DreamWorks Animations. Damon Ross, le producteur du film et à l’époque directeur du développement chez DreamWorks, lui a promis de “dépasser l’expérience littéraire en captant l’essence et l’esprit de la série de livres, tout en insufflant aux personnages et à l’histoire une dimension qui leur permettrait de toucher un public plus large que celui de l’enfance”.

Le scénariste Etan Cohen s’est basé sur les quatre premiers tomes de la série afin d’écrire son scénario. Dans la scène d’ouverture du dîner, le nom de l’auteur Aaron Blabey apparaît dans un journal.

Une esthétique inspirée

Pour Les Bad Guys, le réalisateur Pierre Perifel a associé l’esthétique des films de Steven Soderbergh, Guy Ritchie et Quentin Tarentino à la maestria des animés japonais d’Akira Toriyama et de Hayao Miyazaki et européens de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner. Il a ajouté un peu du grain de folie venant de romans graphiques français avec lesquels il a grandi. Il a complété son œuvre avec les tonalités cool et jazzy des bandes originales des films de braquage anglais.

Pierre Perifel a fortement pensé au Pulp Fiction de Quentin Tarantino pour le dîner de gala. D’une durée de 2 minutes et 25 secondes et avec sept cadres, c’est le plan séquence le plus long de l’histoire de l’animation chez DreamWorks.

Côté décors, Les Bad Guys font visuellement référence à dix quartiers de Los Angeles : la Los Angeles River, le centre-ville de Los Angeles, Mid City, Miracle Mile, Echo Park/Silver Lake, Pasadena/Highland Park, Elysian Park, Malibu, Santa Monica, Chatsworth et Century City. Les noms des membres du gang des sont cachés dans des graffitis en arrière-plan sur les murs de la ville ainsi que sur certains accessoires.

Le club des cinq

M. Loup (doublé par Sam Rockwell dans la V.O. et Pierre Niney dans la V.F.) est le chef charismatique et impulsif de cette bande de braqueurs. Ce soi-disant grand méchant est un pur gentleman cambrioleur. Le cœur sur la main, limite émotif, il ne résiste jamais à l’adrénaline de son prochain vol. Il a fallu 25 versions différentes avant que la cheffe costumière Courtney Hooffman finalise la garde-robe de M. Loup et son costume blanc immaculé.

M. Serpent (Marc Maron en V.O. et Igor Gotesman en V.F.) est un casseur de coffres hors pair et le meilleur ami de M. Loup. Il voue une véritable passion pour les cochons d’Inde. Blasé, pessimiste, de constante mauvaise humeur, sarcastique, il est prêt à tout pour défendre et protéger sa famille de crapules.

M. Piranha (Anthony Ramos en V.O.) est un poisson hyperactif et bras armé de la bande. Il ne réfléchit jamais avant de passer à l’action. Personne ne sait s’il est courageux ou cinglé. Mais tout s’accordent à dire qu’il est naïf. Il a tendance à émettre “de forts vents arrières” dès qu’il est stressé.

M. Requin (Craig Robinson en V.O. et Jean-Pascal Zadi en V.F.) est un pacifique, doux et gentil. Roi du déguisement, son plus grand tour de magie a été de voler la Mona Lisa, grimé en Mona Lisa. C’est le plus sensible de la bande mais il ne faut quand même pas l’énerver.

Mlle Tarentule, alias “la toile”, (Awkwafina en V.O. et Doully en V.F.) est une hackeuse surdouée et perfectionniste à la répartie facile. Unique représentante de la gent féminine dans la bande, elle n’épargne jamais ses complices avec quelques remarques bien senties. Dans les livres, c’était un personnage masculin, mais l’auteur et les scénaristes ont d’un commun accord décidé d’en faire une cybertueuse, une image forte d’intelligence et d’indépendance dans un environnement très masculin.

Le bien ou le mal

M. Loup, M. Serpent, M. Requin, M. Piranha et Mlle Tarentule ont constamment dû faire face au réflexe de peur et de recul qu’inspirent leur apparence et leur réputation. Comme ils n’ont jamais connu autre chose, ils ont fini par embrasser leur condition. Mauvais pour mauvais autant l’être à fond…

Comme ils ne sont acceptés nulle part, ils ne respectent aucun code et passent leur temps à saboter le pouvoir des gens en place. Ils sont libres et ne se laissent pas définir par les autres ou la société. Surtout que dans Les Bad Guys, il est clair que certaines gens qui ont l’air bien sous tous rapports ne le sont finalement pas, tandis que d’autres qui ont l’air menaçant s’avèrent en fait doux comme des cochons d’Inde. Dans son commentaire social, le film entend bien dénoncer ces jugements hâtifs et ces idées préconçues.

Par ailleurs, Sam Rockwell dit de M. Loup, le personnage à qui il prête sa voix dans la version originale : “Un escroc à la vue basse n’ayant d’autre intérêt dans le monde que ce qu’il peut y voler, et qui, au cours d’une aventure, va élargir sa vision des choses et comprendre la supériorité des intérêts que le bien peut concrètement lui rapporter ? C’est le genre d’évolution dont nous manquons cruellement de nos jours. Le monde a besoin d’un peu de générosité. Ce qui implique que ce ne soit pas un parcours de santé ni pour M. Loup, ni pour aucun autre membre de sa bande. Ces crapules-là sont nulles dans l’exercice de la bonté, mais c’est génial de voir le mal qu’ils se donnent à essayer d’être bon.”

Un travail d’équipe

Contrairement à la plupart des films d’animation, les acteurs des Bad Guys ont souvent travaillé ensemble. D’habitude, l’enregistrement des voix est un processus assez solitaire. Les comédiens viennent interpréter leurs textes chacun leur tour, sans interaction avec les autres. Le fait de procéder comme sur des tournages classiques, où chaque artiste se nourrit de la prestation de l’autre, ajoute une touche de fraîcheur et d’innovation, des moments de connexion et d’intimité en plus d’un rendu plus authentique. Et c’est aussi un exercice plus amusant et gratifiant pour les acteurs.

Crédit photos : DreamWorks Animations / Universal Pictures