The Life of Chuck (La Vie de Chuck) est une nouvelle de Stephen King appartenant à son recueil If It Bleeds (Si ça saigne). Le récit raconte la vie de Chuck mais en commençant par la fin. Celle de Chuck et celle de l’univers car la fin d’un être humain, c’est la fin d’un univers entier. Loin de l’horreur habituelle chez Stephen King, l’adaptation par Mike Flanagan avec Tom Hiddleston s’avère à la fois intrigante, virevoltante et émouvante avec juste ce qu’il faut de surnaturel. The Life of Chuck sort en salles ce 11 juin.
Un récit obsédant
Stephen King envoie généralement un exemplaire de ses nouveaux écrits avant leur publication à plusieurs producteurs et cinéastes afin de sonder leur intérêt. Le réalisateur Mike Flanagan a donc pu lire The Life of Chuck peu avant sa sortie en avril 2020. “J’ai été complètement bouleversé par la force de cette histoire, son message, sa joie, sa complexité et sa structure, que j’ai trouvée fascinante. J’en ai pleuré tout au long de ma lecture. Honnêtement, je n’avais jamais rien lu de tel. Ni de Stephen King, ni de personne d’autre. J’ai aussitôt envoyé un mail à Stephen pour lui dire : ‘Si je pouvais m’atteler à cette histoire, ce serait le meilleur film que je pourrais jamais faire.’ Il venait de me céder les droits de La Tour sombre et sa réponse à l’époque avait été : ‘Concentrons-nous d’abord sur La Tour sombre. Si l’occasion se présente, on s’en reparle’.”
“Pendant des années, je suis resté obsédé par cette histoire. Je disais à tous ceux qui voulaient bien m’écouter que si je pouvais réaliser le film qui était dans ma tête, ce serait le meilleur de ma carrière. J’ai repris contact avec Stephen l’année dernière pour faire le point sur La Tour Sombre. Je lui ai de nouveau posé des questions sur The Life of Chuck. Cette fois-ci, il m’a dit : ‘Tu sais quoi ? Faisons-le’.”
Et de 4
The Life of Chuck est la quatrième adaptation d’un roman de Stephen King réalisée par Mike Flanagan après Jessie (2017), Doctor Sleep (2019) et la série à venir La Tour sombre. Un défi de chaque instant, “à plusieurs niveaux, y compris un niveau très personnel car Stephen King est mon auteur préféré et mon héros littéraire, confie Mike Flanagan. Je serais dévasté de le décevoir avec mes adaptations.”
“Je suis un lecteur assidu et un fan de King depuis toujours. J’ai vécu avec beaucoup d’émotions la découverte de tant de ses œuvres adaptées au cinéma, avec plus ou moins de réussite. Je suis donc également conscient du risque qu’il y a de décevoir les lecteurs. Mais aussi de faire un film que je n’apprécierais pas en tant que fan. C’est forcément beaucoup de pression. Je ressens l’immense responsabilité d’être à la hauteur de l’expérience que j’ai eue en lisant son œuvre, d’honorer mon héros et de faire un film dont il sera fier.”
Un ton lumineux et plein d’espoir
Pour Mike Flanagan, en dépit de son intrigue de fin du monde, une véritable célébration de la joie, de l’art et de la vie se détache de The Life of Chuck. “Le chaos grandissant est bien présent, mais sans désespoir ni cynisme, précise le réalisateur. Il ne faut pas s’attarder sur les fins. Il faut célébrer les moments que nous vivons entre le début et la fin. Et comprendre comment nos vies s’assemblent et prennent un sens lorsque nous regardons en arrière. Ne pas craindre la fin des choses, qu’il s’agisse de la fin de la vie ou de la fin du monde. Il n’y a pas de différence. Et il n’y a pas de quoi en avoir peur. Il est rare de lire quelque chose d’aussi positif et joyeux. Surtout venant de Stephen King, célèbre pour ses récits horrifiques. Plus que jamais, des histoires comme celle-ci sont essentielles.”
“Si vous regardez l’œuvre de Stephen King, en particulier des titres comme Les Évadés et La Ligne verte, il a toujours fait preuve d’une approche incroyablement humaniste de la narration. Il a abordé de nombreux genres au-delà de l’horreur, même si c’est principalement pour cela qu’il est connu. Pour ma part, je n’ai évolué que dans le genre de l’horreur tout au long de ma carrière. Toutefois, lui et moi avons en commun un amour profond pour le genre humain.”
“King a déclaré se distinguer de ses contemporains car l’horreur dans ses histoires ne peut exister sans amour ni sans espoir. Il y a une beauté même dans ses romans les plus sombres. Il a toujours mis son cœur dans son travail. Je ne peux penser à aucune autre de ses histoires dans laquelle cette joie, cette âme, cette gravité et cet humanisme sont autant mis en avant que dans The Life of Chuck.”
Une histoire en trois chapitres, racontée à rebours
En lisant The Life of Chuck, Mike Flanagan a notamment apprécié la structure de la nouvelle. “Je l’ai trouvée inattendue et incroyablement poétique. L’histoire resterait la même si on la racontait de manière linéaire, néanmoins l’impact et la signification en serait diminués. Car nos vies ne prennent du sens que lorsqu’on regarde en arrière, dans la globalité. Il m’est apparu immédiatement que je pouvais reproduire exactement ce qu’il avait fait. Il était possible par le médium cinéma d’établir des liens visuels et thématiques entre ces trois chapitres d’une façon que la littérature ne permet pas.”
“L’un des plus grands défis était de parvenir à jongler avec ces trois parties qui composent un seul vaste récit. Chacune d’entre elles a un casting complètement différent, une approche esthétique différente – jusqu’au format du film – une tonalité différente etc. Mais elles doivent s’unir pour raconter la vie de Chuck et transmettre un message clair.” Et montrer comment une vie ordinaire peut devenir extraordinaire.
Une grande scène de danse inoubliable
Mike Flanagan a commencé le tournage par le deuxième acte. Il a débuté par la séquence de la danse avec Tom Hiddleston, Annalise Basso et Pocket Queen à la batterie. Elle a demandé quatre jours de travail. “Nous avons continué pendant ces quatre jours à trouver les bons angles en regardant encore et encore cette chorégraphie de 5 minutes se dérouler, dans sa continuité, se souvient le réalisateur. C’était tout aussi joyeux à voir au bout de quatre jours. Je n’avais jamais été impliqué dans une telle scène. C’était un bonheur.”
“Bien sûr, nous avons rencontré tous les problèmes que l’on peut avoir lorsqu’on tourne en extérieur ce genre de séquence, à commencer par la météo changeante. Cependant, le plaisir de donner vie à une telle chorégraphie a éclipsé tous mes maux de tête. Ces quatre jours ont été incroyables. Le soir, à l’hôtel, mon visage me faisait mal d’avoir autant souri dans la journée en les regardant exécuter cette danse.”
“Quand je pense à ce film, c’est toujours cette image qui me vient spontanément à l’esprit. Lorsque nous avons fini de tourner ce deuxième acte avec Tom Hiddleston, tous les acteurs de ce chapitre ont dû partir. Nous avions l’impression d’avoir terminé un film. Nous avions un cast différent pour les deux autres parties. C’était comme tourner un nouveau film à chaque fois. C’était vraiment une expérience unique.”
Crédit photos : © Neon / Intrepid Pictures