Ils sont devenus des réalisateurs cultes grâce à un petit film indépendant. Certains le sont restés, cultes et/ou indépendants, d’autres pas. Focus sur cinq cinéastes qui ont su gérer leur premier succès. Ou pas.

Quentin Tarantino

quentin-tarantinoFilm culte : Reservoir Dogs (1992)

Film suivant : Pulp Fiction (1994)

Méthode de gestion : Je fais ce que je veux.

Avec Reservoir Dogs, Quentin Tarantino a piqué notre curiosité. Avec Pulp Fiction, il a gagné toute notre attention. Et une Palme d’Or. Le réalisateur s’est construit une niche bien à lui et il s’y tient : humour noir, personnages à la morale douteuse, dialogues au débit de mitraillette, narration non chronologique, renaissance d’acteurs oubliés, violence graphique… Ses films ne s’inspirent en rien de la vraie vie mais des films qu’il a vus, des classiques aux plus obscurs. Il a attendu Inglourious Basterds et Django Unchained pour s’associer aux studios (Universal puis Columbia/Sony) mais il cultive avec malice sa réputation d’enfant terrible d’Hollywood. Dans l’esprit, il est la quintessence de l’indépendance, sans compromis ni complaisance.

Andy et Lana Wachowski

andy-lana-wachowskiFilm culte : Matrix (1999)

Films suivants : Matrix Reloaded et Matrix Revolutions (2003)

Méthode de gestion : On exploite à fond le filon.

Avec Matrix, les Wachowski ont créé toute une franchise : comic books, courts métrages d’animation, jeux vidéo… Et surtout deux suites aux budgets faramineux (respectivement 150 M$ et 110 M$ contre 63 M$ pour Matrix). Mais chez certains l’argent tue la créativité. Avec Matrix, les effets visuels sont au service de l’histoire. Avec Reloaded et Revolutions, la surenchère des coûteux effets visuels sert à combler les lacunes d’une histoire confuse sans pour autant faire oublier les dialogues prétentieux ni les scènes interminables. Le filon tari et après l’échec de deux adaptations (Speed Racer, 2008, et Cloud Atlas, 2012), les Wachowski sont retournés écrire un scénario original, Jupiter Ascending, avec l’espoir de réitérer le phénomène Matrix.

M. Night Shyamalan

M. Night ShyamalanFilm culte : Sixième sens (1999)

Film suivant : Incassable (2000)

Méthode de gestion : Je suis Dieu, entendez ma bonne parole.

L’originalité et le twist devenu cas d’école du Sixième sens seront la marque de fabrique de M. Night Shyamalan pour ses films suivants. Surnommé le nouveau Spielberg/Hitchcock, il en voudra toujours plus et trop. Incassable fait déjà poindre des éléments qui se ressentiront autant sur le fond que dans la forme de ses films, dont cette détestable suffisance de moralisateur et de prédicateur. Il déçoit un peu plus artistiquement à chaque film et pourtant son seul nom continue à attirer le public (319,7 M$ de recettes pour The Last Airbender – Le Maître de l’air, 2010 !) ce qui lui assure le financement du projet suivant. Son nom n’est cependant pas mis en avant sur l’affiche de son dernier film, After Earth (2013). Certains évoquent la peur du rejet immédiat…

Christopher Nolan

Christopher NolanFilm culte : Memento (2000)

Film suivant : Insomnia (2002)

Méthode de gestion : Je trouve un cheval de Troie.

Christopher Nolan a toujours cherché à travailler pour les grands studios. Bien avant Memento, il a approché Warner afin d’écrire le remake d’Insomnia, mais n’ayant que le « petit » Following (1998) à son actif, il n’était pas de taille à négocier. Après Memento, il revient à la charge pour le réaliser, soutenu par les producteurs exécutifs Steven Soderbergh et George Clooney. Grâce à Insomnia, l’inverse absolu de Memento sur le fond comme dans la forme, Christopher Nolan pénètre non seulement le système hollywoodien mais s’ouvre aussi au marché plus grand public avant de s’attaquer aux blockbusters (Batman Begins, 2005). Aujourd’hui, il a sa liberté créatrice (Inception, 2010), le final cut et le soutien financier des studios.

Neill Blomkamp

neill-blompkampFilm culte : District 9 (2009)

Film suivant : Elysium (2013)

Méthode de gestion : Je retourne ma veste ?

Après District 9, Neill Blomkamp aurait pu surfer sur ce succès et s’engouffrer dans une suite mais il a préféré réaliser une autre de ses créations originales, Elysium. Il se dit furieusement indépendant, chérit sa liberté créatrice, ne veut pas être un réalisateur à gages, refuse les films à gros budgets et rejette le système hollywoodien. En théorie. Dans les faits, il a failli commencer par réaliser une adaptation de Halo pour Fox et Universal et son Elysium est produit par Sony pour un budget qui, selon les rumeurs, avoisinerait les 120 M$ (contre 30 M$ pour District 9). Le garçon est donc fermement attendu au tournant.

Article paru dans Studio Ciné Live – N°51 – Juillet-Août 2013

 

 

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