Basée sur des faits réels, Chief of War raconte comment un ensemble d’îles ravagées par la guerre est devenu Hawaï. Le comédien Jason Momoa est à l’origine de cette épopée historique hawaïenne audacieuse, de cette « histoire ancrée dans ma maison, ma culture et mon cœur ». Voici tout ce qu’il faut savoir sur Chief of War, mélange puissant d’action spectaculaire et de narration riche en culture, disponible sur Apple TV+ à partir de ce 1er août (jour des 45 ans de Jason Momoa). Deux épisodes le premier jour puis un épisode par semaine, jusqu’à l’opus final le 19 septembre.
L’histoire
Chief of War dépeint l’unification des îles hawaïennes à la fin du XVIIIe siècle, en se concentrant sur Ka’iana (Jason Momoa). Ce chef et guerrier tenta de réunir les quatre royaumes (O’Ahu, Maui, Kaua’i, Hawai’i) divisés et sans cesse en guerre avant la colonisation occidentale.
Les créateurs
Jason Momoa et Thomas Pa‘a Sibbett, tous deux natifs d’Hawaï, ont co-créé et co-écrit la minisérie. Ils ont commencé à travailler sur ce projet en 2015. Approché pour raconter l’histoire du roi Kamehameha 1er, Thomas Pa‘a Sibbett a préféré évoquer l’unification d’Hawaï à travers un autre personnage : Ka’iana.
Doug Jung officie en tant que showrunner et producteur exécutif.
L’équipe de réalisateurs réunit Justin Chon (101, 102), Anders Engstrom (103, 104, 106, 107), Brian Mendoza (105, 108) et Jason Momoa pour l’épisode final. Justin Chon et Jason Momoa sont également producteurs exécutifs.
Hans Zimmer, au côté du compositeur James Everingham, a créé le thème de la série. Il coproduit également la bande originale avec Bleeding Fingers Music.
Le projet d’une vie pour Jason Momoa
Le co-créateur Jason Momoa décrit cette minisérie comme profondément ancrée dans son héritage personnel, ancestral et culturel. Pour lui, c’est la passion de toute sa vie, l’aboutissement de son rêve d’enfant. « Lorsque les gens viennent visiter Hawaï, ils tombent amoureux de cet endroit, car il y a quelque chose de spécial, explique-t-il. C’est un cordon ombilical qui relie au centre de la Terre. Mais beaucoup de gens ignorent tout de notre histoire. » Si d’innombrables films et séries télévisées ont exploité les lieux exotiques hawaïens, peu de productions ont examiné les îles avec une authenticité culturelle. Et aucune série dramatique scénarisée n’avait encore raconté son histoire riche et complexe.
Chief of War marque ainsi une étape importante dans la narration autochtone : une épopée historique grand public ancrée dans la culture des îles du Pacifique et portée par le leadership créatif des autochtones hawaïens. Jason Momoa estime essentiel que les Hawaïens de la nouvelle génération sachent qui ils sont et d’où ils viennent.
La série vise également à faire entendre les voix sous-représentées et à redynamiser le patrimoine hawaïen à l’écran. Le comédien espère que ce projet encouragera les jeunes Hawaïens à développer l’industrie cinématographique et télévisuelle locale.
Les acteurs
Cinquante pour cent des comédiens incarnant des Hawaïens sont d’origine hawaïenne (ou kānaka maoli). Les autres sont des Polynésiens issus de Nouvelle Zélande (où la série a été en partie filmée), du Royaume de Tonga ou encore des îles Samoa.
Jason Momoa (Ka‘iana)
Ses rôles récurrents dans Alerte à Malibu (1999-2001) et Stargate : Atlantis (2005-2009) ont fait connaître cet acteur hawaïen et celui de Khal Drogo dans Game of Thrones (2011) l’a rendu célèbre. Il a ensuite notamment tenu le rôle principal dans The Red Road (2014-2015), Frontier (2016-2018) ou encore See (2019-2022). Depuis 2016, il incarne le super-héros Aquaman.
Te Ao o Hinepehinga (Kupuohi, la femme de Ka’iana)
Cette actrice néo-zélandaise a commencé sa carrière au théâtre il y a près de dix ans avant d’apparaître en 2020 dans la minisérie Blackhands. Elle a ensuite enchainé avec des rôles récurrents dans le feuilleton Shortland Street (2021) et les séries Head High (2020-2021) et Breakwater (2022).
Temuera Morrison (le roi Kahekili)
Ce Néo-Zélandais, acteur depuis une quarantaine d’années, a été un pionnier du cinéma et de la télévision autochtones en Nouvelle Zélande. Il a joué dans 584 épisodes du feuilleton Shortland Street entre 1992 et 2008. Au cinéma, il s’est notamment fait remarquer dans l’un des rôles principaux de L’Âme des guerriers (1994) et de sa suite L’Âme des guerriers 2 : Les Âmes brisées (1999). Il est connu pour avoir incarné ou prêté sa voix à Jango Fett et Boba Fett dans les films et séries Star Wars. Dans le monde des super-héros de DC Comics, il joue Tom Curry, le père d’Aquaman. Il double le chef Tui dans les films d’animation Vaiana : La Légende du bout du monde (2016) et Vaiana 2 (2024).
Luciane Buchanan (Ka’ahumanu)
Comédienne depuis une dizaine d’années, cette Néo-Zélandaise aux origines tongiennes est surtout connue pour les séries Filthy Rich (2016-2017), Les Nouvelles Légendes du Roi Singe (2018-2020) et The Night Agent (2023-2025).
Kaina Makua (Kamehameha)
C’est le premier rôle pour ce jeune Hawaïen, éducateur et cultivateur de taro. Jason Momoa l’a repéré sur un paddle à Kauai. Il ne lui a même pas fait passer une audition. « Je voulais que l’esprit de Kamehameha soit celui d’un agriculteur, confie Thomas Pa‘a Sibbett. C’était un homme qui encourageait l’agriculture. Les Hawaïens eux-mêmes sont un peuple très attaché à la terre. Kaina incarne l’esprit hawaïen. »
Mot d’ordre : authenticité
La production a fait appel à des praticiens et des experts de la culture hawaïenne afin de garantir l’intégrité de l’histoire racontée. La série s’appuie ainsi sur l’histoire orale et le point de vue autochtone, plutôt que sur les seules archives coloniales. Une certaine liberté créative a néanmoins été nécessaire pour des raisons narratives ou pratiques.
Des personnages ayant existé
Dans Chief of War, plusieurs personnages sont inspirés de figures historiques réelles de la fin du XVIIIe siècle à Hawaï. [SPOILER]
Ka‘iana
Cet ali‘i (chef) hawaïen était un guerrier originaire de Kauai. Après avoir voyagé à l’étranger avec des Occidentaux, il est revenu à Hawaï avec des armes à feu et de nouvelles connaissances militaires.
À l’origine, il était allié au roi Kamehameha Ier. Il a ensuite fait défection et s’est battu contre lui lors de la bataille décisive de Nu‘uanu (1795).
Kahekili
Puissant chef de Maui – et oncle de Kamehameha -, il contrôlait une grande partie de l’archipel hawaïen. Sa mort en 1794 a déclenché une instabilité politique, exploitée par Kamehameha pour étendre son pouvoir.
Kamehameha Ier
Fondateur et premier souverain du royaume d’Hawaï. Il a unifié les îles hawaïennes par la diplomatie et la guerre entre 1780 et 1810. Il a utilisé efficacement les armes et les tactiques occidentales, tout en conservant le mode de gouvernance traditionnel hawaïen.
Ka’ahumanu
L”épouse préférée de Kamehameha 1er. Grâce à son sens politique aigu et sa grande compréhension du pouvoir, elle a influencé son peuple pendant des siècles d’abord en tant que reine puis comme kuhina nui (co-régente) de ses beaux-fils, les rois Kamehameha II et Kamehameha III. [FIN SPOILER]
Du respect
La langue
Pour raconter l’histoire « de l’intérieur », une grande partie de la série a été tournée en ʻölelo Hawai‘i, la langue hawaïenne. « Nous voulions que les spectateurs puissent ressentir les textures du monde que nous leur montrions, et la langue en est un élément essentiel, remarque Thomas Pa’a Sibbett. Si nous n’entendons pas l’hawaïen, nous perdons la réalité. »
Le nombre de locuteurs hawaïens conversationnels serait d’environ 20 000, soit moins de 5 % de l’ensemble des Hawaïens. La production a créé des postes de superviseurs de la langue hawaïenne au sein de l’équipe. Deux d’entre eux, Kaho’okahi Kanuha and Keawe Goodhue, étaient sur le plateau. Jason Momoa a accueilli Kaho’okahi Kanua chez lui pendant tout le tournage. L’acteur avoue que maîtriser sa langue natale a été plus dur que les dialogues en dothraki de Game of Thrones.
Le protocole
Toute l’équipe de la série a suivi le protocole culturel hawaïen tout au long du tournage. En commençant par une cérémonie traditionnelle ‘awa au palais ‘Iolani des rois et des reines. C’était la première fois qu’une telle cérémonie était organisée au palais depuis plus de 100 ans. Chaque fois que la production investissait un nouvel endroit, elle bénissait le plateau.
Alors que la production s’apprêtait à filmer une scène de bataille dans un immense champ de lave à Kalapana, le Mauna Loa est entré en éruption pour la première fois en 38 ans. Pour de nombreux Hawaïens, cet événement revêtait une profonde signification spirituelle. « Je pense que nous avons libéré beaucoup d’énergie, assure Jason Momoa. Ce fut une immense bénédiction. » Les éruptions se sont poursuivies pendant tout le tournage de la scène et se sont arrêtées le lendemain du dernier jour. « Il y avait une énergie derrière ce que nous faisions, affirme Thomas Pa’a Sibbett. Nous nous tournions vers nos ancêtres qui étaient très connectés à la terre. Ils se considéraient comme les gardiens et les enfants de la terre. Et nous avons pu partager cette merveilleuse expérience. Nous avons été autorisés à faire partie de cette énergie. »
Les cascades
Quelque 75 cascadeurs ont pris part à la bataille à Kalapana. Ces scènes ont été influencées par l’expertise hawaïenne d’Ali’I Miner pour l’art du Kapu Ku’ialua ou Lua. Cet art martial hawaïen ancien met l’accent sur les techniques de fracture osseuse par des clés articulaires, des projections et la manipulation des points de pression. Il utilise également une variété de coups et plusieurs armes différentes. Au fil du temps, il a englobé la stratégie sur le champ de bataille. Les Européens lui ont même ajouté l’utilisation des armes à feu.
Les costumes
« Il existait une hiérarchie entre les îles gouvernées par des grands chefs et des chefs subalternes considérés presque comme des êtres divins, signale la costumière Caroline Eselin. Ils s’habillaient de capes (ahu’ula) et de casques (mahioles) en plumes de cinq oiseaux différents, aujourd’hui éteints. Toutes les plumes utilisées dans la création des costumes étaient disponibles dans le commerce. »
Les vêtements que portaient les Hawaïens étaient faits de kapa, un tissu d’écorce battu et coloré avec des teintures naturelles issues de plantes et de végétaux. Pour reproduire cette matière et confectionner tous les habits, le département costumes a utilisé 13 000 mètres d’un tissu synthétique appelé Evolon. Il a confectionné plus de 300 tampons de motifs pour chaque malo (pagne masculin) et chaque pa’u (robe) afin d’identifier les groupes et les îles dont ils provenaient. Les hommes portaient des ceintures en lauhala (feuilles de palmier tissées) et des cordages en fibres végétales avec leurs malos. Pour les femmes, l’équipe a conçu des costumes différents pour les ali’Ii (chefs), les roturières et les guerrières.
Les tatouages
En étroite collaboration avec Caroline Eselin, les départements coiffure, maquillage et prothèses ont appliqué les tatouages traditionnels aux acteurs, cascadeurs et figurants, sous les conseils de l’artiste tatoueur traditionnel hawaïen Keone Nunes. Ces œuvres d’art corporel jouent un rôle crucial dans la culture hawaïenne et polynésienne ancienne et contemporaine. Certains acteurs ont ainsi leurs propres tatouages permanents, comme Jason Momoa et son tatouage sur la tête réalisé personnellement par Keone Nunes.
« Keone connaît ma famille et moi depuis toujours, confie Jason Momoa. Il avait pris sa retraite en Thaïlande. Je l’ai fait revenir. Je voulais m’assurer que les nouveaux tatouages soient terminés et cicatrisés avant le début du tournage. C’est un projet tellement spécial. Il n’y a rien dans ma carrière qui aura jamais autant d’impact. Je sais que les gens vont l’adorer car j’y ai mis tout mon cœur et toute mon âme. »
Les décors
Le chef décorateur Jean-François Campeau et son équipe ont notamment conçu avec soin les décors à forte connotation spirituelle : les sculptures ki’i, les heiau (des temples hawaïens sacrés dédiés à leurs divinités), une maison de prière traditionnelle au toit de chaume, entourée d’une jungle verdoyante avec de la vraie terre et de vraies plantes.
Les accessoires
Le chef accessoiriste Alvin S. Cabrinha Jr. et son équipe ont pris contact avec des praticiens culturels et des artisans pour fabriquer les accessoires et les armes traditionnels hawaïens. Ils ont dû partir de zéro pour les concevoir car rien de cette époque n’était disponible à la location. Cependant, les matériaux n’existaient plus ou n’existaient pas en grande quantité. Les bois utilisés pour les armes au XVIIIe siècle ont pratiquement disparu aujourd’hui. Il a donc fallu créer des copies en caoutchouc.
Les traditions
Pour pêcher le requin, Ka‘iana utilise la racine d’ʻawa (ou kava) pour le sédater et un nœud coulant pour neutraliser sa mâchoire. Cette technique est issue des pratiques de pêche traditionnelles hawaïennes.
La course de traîneaux holua – entre Ka’iana et le roi Kamehameha – est un sport sacré hawaïen vieux de 2 000 ans et peu connu. Il consiste en une descente à 100 km/h sur des luges de 3,6 à 4,2 mètres de long et 15 cm de large. Les coureurs dévalent des pistes de lave noire longues d’un kilomètre et terminent par un plongeon dans l’océan Pacifique.
Crédit photos : © Apple TV+