Avec Touch – Nos étreintes passées, le réalisateur islandais Baltasar Kormákur livre un drame humain profondément émouvant. La force de son long métrage réside dans sa représentation intime du lien amoureux entre un Islandais et une Japonaise et des circonstances qui les ont séparés pendant des décennies. Touch – Nos étreintes passées sort en salles ce 30 juillet.

Dans Touch - Nos étreintes passées, Egill Ólafsson part à la recherche d'un amour perdu

Egill Ólafsson

L’histoire

Kristofer, 73 ans, est un restaurateur islandais. Il vit seul depuis la mort de son épouse, survenue plusieurs années auparavant. Inquiété par des pertes de mémoire, il consulte un médecin et découvre qu’il est aux prémices d’une démence. Son docteur lui confie que beaucoup de personnes dans sa situation mettent à profit les semaines suivant un tel diagnostic pour régler des affaires restées en suspens. Le prenant au mot, Kristofer ferme son restaurant et embarque pour Londres, en plein cœur de la pandémie de la COVID-19, au moment de la fermeture des frontières.

Il est déterminé à découvrir la vérité sur la disparition de la femme qu’il n’a jamais cessé d’aimer depuis leur rencontre cinquantes ans plus tôt. Cette quête de réponses, à mesure que les souvenirs refont surface, le mènera jusqu’au bout du monde.

La genèse

Le réalisateur Baltasar Kormákur

Touch – Nos étreintes passées est l’adaptation de Snerting, le roman d’Ólafur Jóhann Ólafsson publié en 2020 et le plus vendu en Islande cette année-là. « À la lecture du livre, j’ai vite compris que c’était l’histoire d’amour que je cherchais depuis longtemps, raconte le réalisateur isalandais Baltasar Kormákur (Beast – 2022). Les prémices sont toutes simples : Kristófer est veuf et il part à la recherche de son premier amour, une femme dont il a perdu la trace il y a cinquante ans. Plus le récit avançait, plus j’étais captivé par la manière dont l’auteur replonge dans l’un des drames les plus horribles de l’Histoire – pour en transmettre toute la portée émotionnelle à ses lecteurs. Il se concentre sur l’histoire d’amour d’un couple impactée par les conséquences d’une guerre révolue. Ce livre révèle comment les blessures d’un conflit peuvent traverser le temps et considérablement affecter les générations futures. »

Baltasar Kormákur a contacté Ólafur Jóhann Ólafsson pour lui proposer d’écrire le film à deux. En peu de temps, une version du scénario a vu le jour. Ensemble, ils ont su préserver toute la force émotionnelle du roman, notamment à travers les flashbacks retraçant la jeunesse de Kristófer à Londres et sa romance naissante avec Miko.

Le casting

Egill Ólafsson (Kristófer à 73 ans)

Egill Ólafsson

Le rôle majeur de Kristófer âgé a été confié à l’auteur-compositeur-interprète et acteur islandais multi-récompensé Egill Ólafsson. Cet artiste d’une rare polyvalence mène une carrière de compositeur et de chanteur depuis l’âge de 20 ans. Ses registres musicaux sont éclectiques, allant de la comédie musicale au folk en passant par la pop et le rock. Parallèlement, le métier d’acteur s’est imposé naturellement et il compte aujourd’hui une trentaine de rôles à son actif. 

« Egill Ólafsson est un vrai charmeur, un artiste adoré des Islandais tout âge confondu, précise Baltasar Kormákur. Il m’a confié que sa mère avait quitté son père pour retrouver son premier amour, un homme avec lequel elle a fini sa vie. Cela a rendu l’histoire du film encore plus réel pour nous deux. Egill souffrait depuis peu de la maladie de Parkinson. Son état mental et physique a compliqué le tournage, tout en donnant de la profondeur à son interprétation. Son corps fatiguait parfois, mais l’artiste en lui restait jeune, vibrant d’une énergie créative inépuisable. »

« L’amour est un phénomène insondable, peut-être hors de notre contrôle, avoue Egill Ólafsson. Nous sommes souvent désemparés face au sentiment amoureux. Kristófer, lui, n’a plus rien à perdre. Il quitte tout, s’investit, persuadé qu’il trouvera quelque chose – ce qui sera le cas. »

Pálmi Kormákur (Kristófer jeune)

Pálmi Kormákur

Pour incarner Kristófer jeune dans les nombreux flashbacks, la directrice de casting Selma Björnsdóttir a auditionné des dizaines de jeunes comédiens islandais, sans trouver celui qui corresponde. Elle a alors suggéré à Pálmi Kormákur, le fils du réalisateur, de tenter sa chance. Bien qu’il n’ait jamais suivi de formation d’acteur, le jeune homme avait déjà interprété des petits rôles dans les films de son père. Il admet cependant avoir eu de sérieuses réticences à accepter un rôle aussi important dans Touch – Nos étreintes passées.

« Je m’étais toujours imaginé derrière la caméra, jamais devant, reconnaît Pálmi Kormákur. Je suis mal à l’aise rien qu’à l’idée d’être pris en photo, alors quand on m’a proposé de passer une audition, j’en ai eu la nausée. J’ai pris quelques jours pour y réfléchir. J’ai finalement décidé de tenter l’audition, de me ridiculiser, puis de passer à autre chose. Le jour venu, je suis sorti persuadé de ne pas avoir été à la hauteur, mais heureux d’avoir affronté ma peur. » Contre toute attente, il se voit proposer le rôle et l’accepte. 

Egill Ólafsson admet avoir eu des doutes sur leur ressemblance physique pour incarner de manière crédible la version plus jeune de son personnage. Mais le comédien chevronné a vite changé d’avis. « Il me semble aujourd’hui que nous nous ressemblons beaucoup, souligne-il. Il pourrait tout à fait être moi. Bien sûr, il est nettement plus grand que moi, cependant il a la même malice que j’avais à son âge. Un garçon frêle, intelligent, droit. Un acteur prometteur. »

Étudiant en arts visuels, Pálmi Kormákur a récemment été admis à la prestigieuse Royal Academy of Art (KABK) de La Haye, pour y étudier les sciences de l’art.

Kōki (Miko jeune)

Kōki

La mannequin, actrice et auteure-compositrice japonaise Kōki interprète Miko, la jeune femme dont Kristófer tombe éperdument amoureux. La comédienne a été révélée au cinéma en 2022 dans le film d’horreur Ushikubi Village (Ox-Head Village) de Takashi Shimizu.

Kōki décrit Miko comme « une jeune femme forte, singulière, et au passé tragique ». « Miko, une immigrée typique, dotée d’un fort tempérament, renchérit le producteur Mike Goodridge. Elle vit dans le Londres des années 60, une période encore marquée par une certaine hostilité envers les Japonais au Royaume-Uni après la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, elle a grandi à Londres, parle un anglais parfait, et fait partie de la scène culturelle de l’époque. Elle porte les contradictions de nombreux immigrés, à la croisée des cultures anglaise et japonaise, avec toutes leurs complexités. »

« Il y a de beaux messages sur la nature de l’amour, reprend Kōki qui trouve la romance au cœur du film particulièrement poignante. Miko évolue et change profondément après sa rencontre avec Kristófer. Mais le film aborde aussi l’histoire du Japon. »

Yoko Narahashi (Miko âgée)

Yoko Narahashi et Egill Ólafsson

Après une longue recherche pour incarner Miko âgée, la directrice de casting Yoko Narahashi a fini par endosser elle-même le rôle. « Yoko Narahashi nous a envoyé de nombreuses vidéos d’audition, mais aucune ne fonctionnait vraiment, explique Mike Goodridge. Certaines actrices avaient des difficultés en anglais, ce qui était évidemment problématique. Yoko, elle, le parle très bien, et comme elle a une petite expérience d’actrice, Baltasar lui a demandé de s’enregistrer pour un essai. Elle l’a fait, et elle a obtenu le rôle immédiatement. »

Comédienne, réalisatrice, productrice et directrice de casting accomplie, Yoko Narahashi est née au Canada. Elle s’est formée à la Neighborhood Playhouse de New York auprès de Sanford Meisner. La jeune femme a démarré sa carrière de directrice de casting en travaillant sur le casting japonais d’Empire du soleil (1987) de Steven Spielberg. Elle a réalisé son premier long métrage The Winds of God en 1995 et remporté le Japan Film Critics Award du meilleur nouveau réalisateur.

Masahiro Motoki (Takahashi-san)

Le rôle du père de Miko, Takahashi-san, a échu à l’un des plus grands acteurs japonais, Masahiro Motoki. Célèbre dans les années 1980 avec le trio pop Shibugaki Tai, il s’est depuis consacré pleinement à une carrière cinématographique. Il s’est fait notamment remarquer pour sa performance dans le drame Departures (Oscar du meilleur film étranger en 2009).

Hiroshima

Kōki et Pálmi Kormákur

Le tournage de Touch – Nos étreintes passées s’est principalement déroulé à la fin de l’année 2022 à Reykjavik et ses environs puis à Londres avant d’enchaîner début 2023 au Japon. La production s’est rendue à Tokyo,Takehara, Kure et surtout à Hiroshima.

« C’est tellement intense de se trouver dans un tel endroit, se souvient Baltasar Kormákur. On ressent une émotion particulière dans ce lieu où tout a été détruit. Il ne restait plus rien. Il est consternant de voir que l’humanité envisage encore l’usage de telles armes, lorsque l’on sait déjà comment tout cela a fini ici.

À la lecture de Snerting, j’ai été touché par la bienveillance avec laquelle Ólafur Jóhann Ólafsson a raconté cette histoire – sans jugement ni prises de positions tranchées. J’y ai vu un rappel important du chaos de la Seconde Guerre mondiale, de ses conséquences catastrophiques. Et à quel point nous sommes proches de répéter les erreurs du passé. Ayant grandi dans l’ombre de la guerre froide, la bombe atomique représentait une menace constante. Contrairement à notre génération, je doute que les jeunes d’aujourd’hui mesurent pleinement ses dangers et ses répercussions. »

Crédit photos : © Condor Distribution